FABRICE GARIN EN INTERVIEW

FGARIN
17/12/2020

Fabrice Garin, l’équipe féminine est 3ème du championnat de D2F. Quel début de saison !

C’est notre meilleur début de saison depuis que nous sommes en D2. Cependant il faut se méfier car il y’a un important écart de niveau entre les équipes du championnat. Sur les 6 matchs que l’on a joués nous avons rencontré deux équipes du haut du classement (Lens et Lille), les autres finiront vers le bas. Nous avons donc pris des points contre des équipes à notre portée. Nous pouvions espérer encore mieux avec plus de réussite. Pour l’instant ce que l’on fait est bien. Nous n’avons pas encore joué contre un nombre significatif d’équipes prétendantes à la montée pour juger de notre réelle valeur. Il est évident que nous avons le niveau pour jouer les premières places, mais nous aurons des réponses sur nos objectifs après avoir défié Nantes ou Orléans qui sont de grandes équipes. Le chemin est encore long.

La D1F semble potentiellement atteignable. Est-ce désormais l’objectif du club ?

La D1 n’est pas véritablement un objectif pour nous. En termes de structure et de moyens financiers nous sommes encore loin des équipes professionnelles. La D1 est plutôt de l’ordre du rêve. En tant que club amateur, nous en rêvons. C’est une ambition et cela nous anime. Nous nous en rapprochons chaque année. Le club à plus de moyens, plus d’expérience. Le foot féminin se développe vite : si certains clubs pros hésitent à se consacrer pleinement aux sections féminines, d’autres sont capables de doubler leur budget sur une saison. Tout ne dépend pas de nous. Ce que nous maitrisons, nous essayons de le faire au mieux. Notre état d’esprit est à la fois combatif et familial. Cela nous permet de nous démarquer des autres : c’est notre point fort. Nous avons des joueuses qui ont évolué en D1, pas mal de jeunes qui progressent et qui sont ambitieuses.

18 buts marqués en seulement 6 matchs, en quoi consiste la méthode Garin ?

Ma vision du jeu n’a pas changé depuis que nous évoluons à ce niveau. Nous marquons beaucoup de buts car nous possédons un potentiel offensif supérieur à celui des années précédentes. Nous travaillons beaucoup sur le système de jeu et devant le but. Si nous avons plus de réussite, cela provient de l’état d’esprit des filles qui est bon. Chacune tire les autres vers le haut et elles sont toutes positives. Nous avons de la chance d’avoir des filles bien.

Notre nouvelle attaquante Alexandra Banner est en pleine forme : 6 buts inscrits en 6 matchs, quelle adaptation !

Alexandra est une joueuse dont je suis la progression depuis très longtemps. C’est une bretonne qui a joué dans des bons clubs en D1. C’est une joueuse qui a marquée partout où elle est passée. Nous savions qu’elle avait cet instinct de buteuse. Elle a de l’expérience, elle est bien intégrée, elle comprend vite et s’est adapté à ce poste d’attaquante axial. C’est une compétitrice, on aura besoin de sa réussite pour progresser.  Il y a aussi Pamela Babinga et Jade Nassi qui sont en réussite devant le but. C’est bien que nous possédions plusieurs joueuses capables de finir les actions. C’est le travail d’une équipe. Nous avons progressé dans la construction des phases offensives. Cela se traduit par plus de buts. Nous ferons un bilan a la mi-parcours quand nous aurons joué les gros.

Vous avez, dans votre effectif, de très jeunes joueuses couvées par des joueuses d’expériences. Quelles sont les clefs pour gérer un groupe de filles aussi ambitieuses ?

Les dirigeants sont ambitieux pour la section féminine : à nous de mettre tout en œuvre pour être aussi performant que les clubs professionnels. Certaines de nos joueuses sont encore à l’école. Il faut s’avoir s’adapter. Nous travaillons sur l’autonomie pour qu’elles soient responsables de leur progression. Le groupe vit bien. Les écarts d’âges font le charme du foot. Nos jeunes sont en construction. Elles sont là pour bousculer la hiérarchie et amener de la fraicheur. Les anciennes transmettent leurs conseils, de la bienveillance. Tout le monde s’entend bien. On a mis l’accent sur le travail de cohésion d’équipe, chacune a un rôle. J’ai des leaders d’expérience avec du tempérament. Elles savent comment aller plus haut.

Cela fait 7 années que vous dirigez cette équipe en seconde division. De nombreuses équipes professionnelles ont vu le jour Nantes, Lens, … Le niveau progresse. Comment expliquez-vous ce changement ?

Nous sommes 4 clubs amateurs sur 12 dans notre championnat. Ceci est lié au fait que la fédération a souhaité développer le foot féminin en vue de la Coupe du Monde et a donc poussé les clubs à investir. L’Olympique Lyonnais a été un moteur. Sa section féminine est partie de zéro et est désormais la meilleure équipe du monde. La plupart des clubs pros ont aussi développé une section féminine. C’est bien. Cela augmente le niveau du championnat. Avant il n’y’avait pas de contrats fédéraux. L’évolution est énorme. Le paysage du foot féminin a changé. Certains clubs ont disparu ou se sont fait racheter. L’affluence dans les stades a augmenté. Le foot féminin devient médiatique. Il y a 10 ans l’équipe de France ne passait pas à la TV. Les performances de l’Olympique Lyonnais, la coupe du monde… tout ça a mis un coup de projecteur sur notre sport. Les gens apprécient le spectacle qui est proposé. Il y’a encore un écart avec les garçons au niveau technique et sur la vitesse de jeu mais les différences se réduisent. Des coachs connus, qui ont entrainé des équipes hommes, basculent chez les filles. Être là où nous sommes est énorme. C’est une réelle performance d’être en D2.

Le jeu de notre équipe est spectaculaire. Pourquoi faut-il aller à Marville voir du foot féminin ?

Elles le méritent. Ce sont des filles qui font beaucoup d’efforts. Elles jouent avec le cœur, ça fait plaisir à voir. Il y’a de la sincérité dans ce qu’elles font, elles progressent techniquement, c’est agréable à voir jouer. On a mis des beaux buts, il y’a du talent. Quand j’ai commencé en R1, à l’extérieur on jouait dans des climats hostiles. A mes débuts, les spectateurs se moquaient des joueuses, c’était terrible. Nous jouions sur des terrains calamiteux pour privilégier les garçons. Il y’a 10 ans c’était comme ça. Aujourd’hui les stades ne sont pas remplis mais il y a une bonne ambiance, pas d’insulte, du respect. Les joueuses mettent de l’engagement, le climat autour des spectateurs est respectueux. Cela crée un contexte bienveillant. La beauté de gagner ensemble est le moteur des filles. Nous sommes le poil à gratter du championnat, les grands clubs commencent à nous redouter.

Un dernier message pour les fans de l’USSM ?

J’ai envie de leur dire « Merci de supporter le club et n’hésitez pas à venir nous voir, vous pouvez compter sur les filles pour donner le maximum ! » J’espère qu’un jour nos efforts seront récompensés par une montée en D1 et que nous arriverons à faire venir à Marville les grands clubs européens. Le club fait beaucoup pour la section féminine. Aujourd’hui la D1 c’est une ambition, un rêve. Cela serait tellement beau de le réaliser devant vous.