LE BILLET DU LUNDI

Rabah Oumaouche (vs. Stade Briochin)
24/04/2018

USSM - Stade Briochin


DE L'OMBRE À LA LUMIÈRE

 

 

Il n’y a aucun mot assez fort pour décrire les émotions exceptionnelles vécues samedi soir lors de la rencontre entre l’USSM et le Stade Briochin. On touche à l’irrationnel.

Ce que nous avons vécu restera ancré pour longtemps dans l’histoire du club. Certaines images resteront plus particulièrement gravées dans la mémoire des personnes présentes à Marville ce 21 avril 2018. Les arrêts de Simon Lugier qui évitent un naufrage total en première période et qui, avec le recul, ont permis que cet exploit ait lieu. Les têtes basses et les visages fermés des Diables Noirs à l’heure de rentrer aux vestiaires à la pause. La frappe parfaite de Zana Allée pour son premier ballon du match pour le 0-3 qui assomme tout un stade.

 

Ce premier but d’Alexandre Even qui ne permet pas encore tout à fait de croire à un retour mais qui a le mérite de limiter l’ampleur du score. Ce deuxième but avec rage de capitaine Tom qu’on sent révolté sur la pelouse et qui le premier fait se lever les supporters. Simon Lugier, encore lui, qui porte littéralement un joueur briochin blessé hors du terrain pour éviter de perdre du temps.

 

L’entrée en jeu d’Anthony Vermet puis d’Antoine Caroff qui ne sait pas encore qu’il va devenir le héros du match. Les actions parfaites du début à la fin du troisième et du quatrième but. Des spectateurs qui bondissent de leur siège et qui cherchent leur voisin du regard pour s’assurer qu’ils ne rêvent pas. L’arbitre de la rencontre qui avertit les Costarmoricains qui jouent la montre à 3-3 car lui aussi a compris le sens de l’histoire de ce match.

 

Les visages hébétés des joueurs du Stade Briochin qui ont réalisé un très bon match mais qui ne comprennent pas quelle est cette tempête Noir et Or qui s’est abattue sur eux pendant 40 minutes. Antoine Caroff dont le genou meurtri ne répond plus, porté par son capitaine pour traverser le terrain au coup de sifflet final. Des Diables Noirs radieux enfin, qui fêtent cet inoubliable exploit avec le Kop’Sair qui, comme à son habitude, n’a jamais cessé de soutenir ses joueurs, même lorsqu’ils étaient au plus mal. Et des sourires. Des sourires partout dans le stade comme s’il en pleuvait.

 

D’abord amorphes, maladroits et sans génie, nos Diables Noirs, méconnaissables et décevants pendant 50 minutes, se sont mués en chiens féroces prêts à tout renverser sur leur passage.

Oui, pendant 40 minutes, nos joueurs ont fait de notre maxime « cave canem » une réalité. Mieux, ils l’ont incarnée. Pendant 40 minutes, les Diables Noirs ont fait honneur à leurs couleurs, à leur club, à leur ville.

Pendant les 40 dernières minutes de la rencontre, nous avons vu sur le terrain ce que nous attendons des joueurs et joueuses qui portent nos couleurs chaque week-end : une volonté indéfectible de s’imposer, de tout donner pour arracher la victoire, un engagement total, de l’application, et par-dessus tout, 11 joueurs qui ont mis le collectif très au-dessus de l’individualisme.

Avec ces mêmes ingrédients chaque week-end (de préférence pendant 90 minutes) messieurs, mesdames  jamais ô grand jamais vous n’entendrez de reproches ou de critiques de la part de qui que ce soit. Vos erreurs techniques, vos frappes écrasées ou vos transversales en touches seront aussitôt oubliées. Vos défaites seront pardonnées.

 

Il y a une semaine dans ces lignes, nous évoquions la recette pour instaurer une culture de la gagne. La confiance et l’envie en étaient les deux principaux ingrédients, et l’impensable renversement de situation samedi face à Saint Brieuc a confirmé cette hypothèse. Cueillis par une belle formation briochine, nous avons vus nos Diables Noirs rentrer tête basse aux vestiaires, avec 11 visages fermés. La réduction du score d’Alexandre Even a tout changé. Elle a montré aux joueurs de Pierre-Yves David que cette défense costarmoricaine n’était pas entièrement hermétique, et leur a redonné ce qu’ils avaient totalement perdu pendant 90 minutes à Fontenay et 50 minutes samedi soir : la confiance. De cette confiance est née la volonté d’aller plus loin que cette simple réduction du score, et de renverser un match qui semblait compromis.

 

Dans l’urgence, c’est cette notion fondamentale et basique qui a repris instinctivement sa place : le football est un sport collectif. Là où nous avions vus en première période des individualités rater des passes simples, donner le ballon à contretemps et souvent ne pas faire les efforts nécessaires pour combler les manques des partenaires, nous avons pu apprécier ensuite des joueurs jouer les uns pour les autres, s’appliquer, proposer des solutions, se sacrifier pour les co-équipiers en deuxième mi-temps. Là où nous avions vus des joueurs se faire des reproches à la moindre passe ratée pendant les 50 premières minutes, nous avons vus des partenaires s’encourager, se congratuler, se sauter dans les bras les uns des autres pendant les 40 dernières.

Pour résumer, nous avons vus 11 joueurs perdre 3-0 après 50 minutes de jeu. Puis nous avons vus une équipe s’imposer 4-0 dans les 40 suivantes. Le collectif s’est exprimé, et il a gagné.

 

Cette rencontre mémorable doit rester gravée dans les têtes de nos joueurs pour cette fin de saison, et au-delà pour la prochaine et les suivantes, mais pas uniquement les 40 dernières minutes. Les 50 premières sont tout aussi importantes. Ce match est l’illustration résumée en 90 minutes de ce que nous ne voulons pas voir, des comportements que nous n’acceptons pas, et à l’inverse, de l’état d’esprit qu’il faut afficher lorsque l’on porte ces couleurs, de la rage de vaincre que nous voulons insuffler dans les veines de tous nos joueurs, et surtout, de la démonstration que rien n’est possible sans le collectif. On perd ensemble. On gagne ensemble.